Poésie

Arizona 101 : La Poussière

Pantoum de la Poussière
Le ciel du soir a son secret,
Il est écrit dans la poussière.
Mon bien-aimé s’est fait discret,
Parti jadis, dans la lumière.

Il est écrit dans la poussière,
L’air vespéral, si langoureux.
Parti jadis, dans la lumière,
Reviendra-t-il, cet amoureux ?

L’air vespéral, si langoureux,
Un peu de cendre et il s’enflamme.
Reviendra-t-il, cet amoureux,
Prince vainqueur de ma pauvre âme.

Un peu de cendre et il s’enflamme,
Par la magie d’ardents rayons.
Prince vainqueur de ma pauvre âme,
Il a ôté tous mes haillons.

Par la magie d’ardents rayons,
Le vil humus devient topaze.
Il a ôté tous mes haillons,
Pour me vêtir de riche gaze.

Le vil humus devient topaze,
Éclair de l’or, sang du rubis.
Pour me vêtir de riche gaze,
Lui si pur, la honte a subi.

Éclair de l’or, sang du rubis,
Embrasez le couchant de gloire !
Lui si pur, la honte a subi…
Ô mort, où est donc ta victoire !

Embrasez le couchant de gloire,
Grains subtils, nuées du bizarre.
Ô mort, où est donc ta victoire,
Le Roi a passé le Tartare !

Grains subtils, nuées du bizarre,
La nuit déplie ses draps soyeux.
Le Roi a passé le Tartare,
Il vit aujourd’hui en haut lieu.

La nuit déplie ses draps soyeux,
L’astre paresse en fin de cours.
Il vit aujourd’hui en haut lieu,
Pour soulager les cœurs trop lourds.

L’astre paresse en fin de cours,
A l’horizon, plein d’indolence.
Pour soulager les cœurs trop lourds,
Mon bien-aimé vient en silence.

A l’horizon, plein d’indolence,
Un galion d’or s’est ancré.
Mon bien-aimé vient en silence,
Le ciel du soir a son secret.

Arizona flag
1) La poussière

L’Arizona est connue comme étant le Sunset State, le pays du soleil couchant, ce que représente d’ailleurs le motif de son drapeau. Mais pourquoi les couchers de soleil y sont-ils particulièrement beaux, le soleil se couche aussi en Bretagne, non ?

Le Grand Peintre de la nature a réuni en Arizona trois conditions qui interviennent dans la composition d’un coucher de soleil spectaculaire : un air pur et sec, de la poussière fine, quelques nuages. L’ingrédient clé, particulier à l’Arizona, c’est le deuxième : la poussière… Expliquer son rôle n’est pas si simple, car la technique du Maître est subtile.

Tout d’abord il faut comprendre pourquoi le ciel est bleu ; sur la lune où il n’y a pas d’atmosphère, le ciel est d’un noir d’encre. Par contre sur la terre, illuminées par les rayons blancs de l’astre du jour, les molécules d’oxygène et d’azote diffusent préférentiellement la couleur bleue dans tous les sens, et donc nos yeux voient de l’azur partout sur l’étendue de la voûte*. Quand l’air n’est pas pur, c-à-d s’il contient des particules bien plus grosses que les longueurs d’onde du visible, des gouttelettes d’eau par exemple, d’une part le ciel est moins lumineux, d’autre part il est gris-blanc, toutes les couleurs étant alors diffusées. Or la poussière d’Arizona aspirée dans les hauteurs est suffisamment fine pour renforcer le bleu, et lui donner cette teinte profonde qui frappe le visiteur.

Quand le soleil se couche, ses rayons doivent traverser une épaisseur d’atmosphère beaucoup plus grande avant d’atteindre notre œil : le bleu a été filtré, reste le jaune et le rouge ; là encore la fine poussière augmente ce phénomène, d’où des contrastes éclatants entre l’azur et la pourpre. Sans quelques nuages, point de décor, de formes fantastiques et toujours changeantes ; la poussière intervient aussi dans leur formation. En Bretagne, la poussière cède son rôle à de petits cristaux de sel en provenance de la mer ; le sel aimant l’eau, ces cristaux deviennent rapidement chacun le noyau d’une gouttelette, plus ou moins grosse selon les conditions atmosphériques : variante qui permet d’obtenir ces merveilleuses nuances gris-perle et ardoise, chefs-d’œuvre du ciel breton, pour peu qu’il fasse beau (oui cela arrive, je m’en souviens, c’était un jeudi…). Il ne faut pas croire pour autant que tous les couchers de soleil sont régulièrement splendides à Phoenix ; les gaz d’échappement de millions de grosses voitures n’y aident pas.

D’où vient la poussière ? Du désert, au passé volcanique manifeste, et dont la végétation est trop maigre pour retenir les résidus de l’érosion, lorsque le vent souffle. Mais il existe un fait bien plus étonnant encore qu’un peu de poudre sans valeur puisse être utilisée par le Créateur pour produire de si magnifiques tableaux. C’est que de cette même poussière terrestre, il a tiré des êtres tels que nous, qui nous sommes révoltés contre lui, jusqu’à remettre en cause sa bonté… Malgré cela il a envoyé son Fils éternel Jésus-Christ, qui a revêtu une chair semblable à la nôtre, tirée de la poussière, afin qu’en lui, nous soyons rachetés, justifiés, et glorifiés !

2) Le pantoum

C’est un poème à forme fixe d’origine orientale, qui a été introduit dans la poésie française au début du 19ième siècle, par Victor Hugo. Il se compose d’une suite quatrains à rimes croisées. Les deux premiers vers de chacun d’eux développent un thème extérieur, tandis que les deux derniers poursuivent un thème intérieur ; les deux thèmes, qui présentent entre eux une affinité, doivent rester séparés jusqu’à la fin du poème, où le premier vers devient le dernier. D’un quatrain à l’autre les vers s’enchaînent : le derniers vers d’un thème devient le premier au quatrain suivant. Ici le thème extérieur est le coucher du soleil, le thème intérieur l’attente du retour de Christ. Pour plus de détails sur le pantoum voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pantoum

* Plus exactement les molécules diffusent davantage les vibrations lumineuses de haute fréquence : le violet et l’ultraviolet plus que le bleu, mais l’œil humain est plus sensible à cette dernière couleur ; par contre une abeille doit voir le ciel violet…

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