Paraboles·Poésie

Une visite chez Noël

— Entre  ! cria Noël, de sa voix de lumière.Mais sur le seuil, j’ai hésité…Au souvenir honteux d’une vie prisonnièreDu vice, et de motifs remplis d’obscurité.
Ses yeux vifs percevant les raisons de ma gêne, Il vient et me prend par le bras  :— Cher enfant, tu souffres  ! d’où te vient cette peine  ? Entre ici, confie-toi, sans aucun embarras.
— Noël, qui donnes tant  ! hélas je ne t’apporteAucun cadeau digne de toi.Pourrais-tu tolérer qu’un ingrat de ma sorte, Sans vertu ni bon fruit, se tienne sous ton toit  ?
— Mais, dit-il gravement, ton cadeau, c’est toi-même  ! Ne sais-tu pas que veut Noël  ? Qu’il n’attend en retour de son don éternelRien que l’homme apporte, sinon un cœur qui l’aime.
— Hélas  ! le mien contient la honte et le remord, Mes yeux souillés ont fui ta face, Et je dois repartir, vers l’ombre de la mort, Par un hiver cruel, où tout espoir se glace.
— Ton cœur, tes yeux, l’hiver, c’est moi qui les ai faits  ! A mon loisir ils reverdissent.J’ai payé ton péché, satisfait la justice, Viens goûter du pardon les merveilleux effets.
— Mon Noël bien-aimé  ! puisqu’ainsi tu m’invites, Je veux n’être qu’un tâcheronA tes pas attaché, tel les loyaux lévites  ; Aucuns labeurs trop durs ne me rebuteront.
— Pas question, c’est Noël  ! mettons nous vite à table, Pour déguster des mets exquis ;Et me tendant un plat, l’hôte divin s’enquitDe quel poète anglais j’avais pris cette fable.
⌘⌑⌘

1) Noël, c’est Dieu qui se donne lui-même, en nous donnant son Fils. Quel cadeau, quel acte de reconnaissance, l’homme lui donnera-t-il en retour? lui-même, aussi indigne soit-il; car rien de moins ne saurait satisfaire Celui qui a tant aimé le monde, qu’il a voulu y naître, et y mourir en expiant nos péchés.

2) Ces vers sont inspirés d’une courte allégorie d’un pasteur anglican du XVIIe siècle, qui d’ailleurs ne parle pas de Noël mais de l’Amour. Saurez-vous trouver son nom?

5 commentaires sur “Une visite chez Noël

  1. Magnifique ! La dernière strophe nous offre un vrai repos en cette période de Noël. J’ai la réponse pour le pasteur anglican, après une courte recherche (mais je laisse quand même le autres chercher 😀). Le poème d’origine est intéressant, mais celui-ci le dépasse, à mon humble avis !

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    1. Merci Lilianof ; en effet j’étais depuis longtemps en hibernation, mais quand même c’est Noël, réveillons-nous… Qu’il soit joyeux pour toi aussi , pour tous les tiens, et pour tous les lecteurs de Plumes Chrétiennes.

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  2. C’est un très beau et tendre poème :-))
    Concernant l’auteur, une courte recherche m’a aiguillée sur George Herbert, que je ne connais absolument pas au demeurant… S’agit-il de lui ? et où peut-on lire ses poèmes ?
    Un très joyeux Noël à tous et à toutes ! Lecteurs, auteurs, curieux, etc…. tous ceux et celles qui d’une manière où d’une autre lisent, écrivent, picorent, commentent…. merci d’être là !

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    1. Bingo ! Vous avez trouvé : « Love bade me welcome » est le poème de George Herbert le plus connu en Angleterre, principalement parce qu’il a été mis en musique pour des chorales d’église. En tapant son titre dans youtube, vous pourrez en écouter. Sinon c’est un poème court je le colle ci-après, ainsi que sa traduction par Jean Mambrino

      =============
      LOVE bade me welcome; yet my soul drew back,
      Guilty of dust and sin.
      But quick-eyed Love, observing me grow slack
      From my first entrance in,
      Drew nearer to me, sweetly questioning
      If I lack’d anything.

      ‘A guest,’ I answer’d, ‘worthy to be here:’
      Love said, ‘You shall be he.’
      ‘I, the unkind, ungrateful? Ah, my dear,
      I cannot look on Thee.’
      Love took my hand and smiling did reply,
      ‘Who made the eyes but I?’

      ‘Truth, Lord; but I have marr’d them: let my shame
      Go where it doth deserve.’
      ‘And know you not,’ says Love, ‘Who bore the blame?’
      ‘My dear, then I will serve.’
      ‘You must sit down,’ says Love, ‘and taste my meat.’
      So I did sit and eat.

      ===============

      Amour m’a dit d’entrer, mon âme a reculé,
      Pleine de poussière et péché.
      Mais Amour aux yeux vifs, en me voyant faiblir
      De plus en plus, le seuil passé,
      Se rapprocha de moi et doucement s’enquit
      Si quelque chose me manquait.

      Un hôte, répondis-je, digne d’être ici.
      Or, dit Amour, ce sera toi.
      Moi, le sans-coeur, le très ingrat ? Oh mon aimé,
      Je ne puis pas te regarder.
      Amour en souriant prit ma main et me dit :
      Qui donc fit les yeux sinon moi ?

      Oui, mais j’ai souillé les miens, Seigneur. Que ma honte
      S’en aille où elle a mérité.
      Ne sais-tu pas, dit Amour, qui a porté la faute ?
      Lors, mon aimé, je veux servir.
      Assieds-toi, dit Amour, goûte ma nourriture.
      Ainsi j’ai pris place et mangé.

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